La thérapie implantaire est très prévisible chez les patients en bonne santé, avec des taux de succès estimés de plus de 97%, même après 15 ans de mise en charge. Cependant, des complications techniques, biologiques et esthétiques peuvent se produire. Les complications biologiques sont souvent attribuées aux patients (mauvaise hygiène buccale, fumeur, manque de suivi…).
Les cliniciens peuvent aussi être responsables de l’apparition de « péri-implantite » et/ou d’échec implantaire.
Aujourd’hui, le concept du facteur inflammatoire total est de plus en plus accepté par les auteurs. Les paramètres qui contribuent à réduire cette inflammation sont par exemple : le nettoyage des prothèses, l’entretien oral amélioré, la thérapie parodontale stricte, la réduction du tabagisme et également certaines maladies inflammatoires… Le protocole clinique de pose d’implants a considérablement évolué au cours des dernières décennies, passant d’un protocole strict de « biocompatibilité » (stérilité, refroidissement, double aspiration…) à un protocole
visant « la vitesse » et « l’esthétique ». Il n’est pas toujours évident de savoir si le patient bénéficie vraiment de ces changements.
L’étiologie de la péri-implantite est donc très complexe, mais certains facteurs peuvent être préalablement pris en charge pour réduire la susceptibilité des patients (qualité des tissus mous environnants, degré de vascularisation de l’os, restes de ciment…).
Ce numéro spécial vise à discuter de certains des sujets susmentionnés qui, lorsqu’ils sont bien abordés, peuvent améliorer le résultat final des implants oraux.
Je remercie sincèrement tous les auteurs pour leur contribution aux différents chapitres. Malgré leur multiples occupations, ils ont tous accepté de faire un effort supplémentaire pour mener à bien ce numéro.

Voilà prés de 10 années, nous faisions paraître un Numéro Spécial du JPIO sur les Maladies Périimplantaires.
Nous avions demandé au Pr Georges Tawil (Beyrouth) de coordonner ce numéro. Les différents auteurs avaient sû réunir l’essentiel des connaissances sur le sujet et montrer que nous étions confrontés à une complication majeure des traitements implantaires, et ce d’autant
que la prévalence était alarmante. Dans ce numéro de nombreuses questions sur l’étio-pathogénie et sur le traitement restaient sans réponse.
Aujourd’hui c’est le Professeur Marc Quirynen (Leuven) qui a dirigé ce Numéro Spécial sur les maladies péri-implantaires.
Depuis le Numéro Tawil, de nombreuses études ont été réalisées dans le domaine de la recherche fondamentale et clinique. La littérature a été très prolifique sur le sujet. Les auteurs choisis par Marc Quirynen ont su sélectionner les travaux les plus récents, analyser les dernières recherches et nous présenter toute « la substantifique moelle ».
Et pourtant ! Les questions demeurent dans l’étiologie, la microbiologie, la pathogénie. Les traitements nous laissent devant des interrogations et notre quasi impuissance à résoudre ces complications.
Aujourd’hui, de nombreux auteurs s’accordent pour dire que les maladies péri-implantaires qui étaient rares ont vu leur fréquence et leur gravité augmenter considérablement à partir de la fin des années 90. Ces auteurs évoquent des causes en relation avec cette période : l’évolution des protocoles chirurgicaux en particulier les protocoles rapides, l’implantation immédiate, un seul temps chirurgical, et aussi l’abandon des surfaces implantaires lisses, l’utilisation de matériau de substitution dans les reconstructions osseuses et, enfin, la priorité qui est donnée à l’esthétique immédiate plutôt qu’au résultat à long terme.
Ces questions sont posées mais les fabricants restent sourds et stoppent leur fabrication d’implants lisses. Leurs leaders d’opinion poussent souvent à poser plus d’implants et plus vite. Les mises en charge immédiate et les résultats à J0 sont d’actualité. Pourtant, le nombre de maladies périimplantaires continue d’augmenter et devrait nous pousser à plus d’humilité et à bien reconsidérer les étiologies possibles et notre part de responsabilité.