Épidémiologie des maladies parodontales en Europe

Résumé

Une description précise des conditions parodontales en Europe et les comparaisons entre les pays et les régions sont compliquées par la faiblesse des données nationales, la variation des indices utilisés pour décrire ces conditions et l’emploi d’indices contradictoires concernant la maladie. Dans cet article, les données ont été comparées pour décrire les proportions d’individus présents dans trois groupes d’âge (jeune, adulte et âgé) et qui présentent des signes de parodontite modérée et sévère. Il semble que les conditions parodontales soient mauvaises en Europe de l’Est et que les meilleures conditions soient observées en Scandinavie. De plus, les moyens d’améliorer les conditions parodontales sont développés dans quelques pays où elles sont déjà relativement bonnes. Les données décrivant ces moyens sont absentes dans les pays d’Europe de l’Est. En général, les atteintes sévères sont rares chez les personnes jeunes, mais après 50 ans, la majorité de la population a été confrontée à la parodontite et 15 à 20 % présentent une maladie sévère. Les études analytiques rapportent qu’en plus de l’âge, la régularité des visites de contrôle, les indicateurs d’hygiène orale et la tabagie sont les variables qui expliquent le mieux les conditions parodontales en Europe.

L’épidémiologie s’intéresse d’abord à la prévalence de la maladie parmi les populations. Quoi qu’il en soit, la prévalence des maladies parodontales est, pour la plupart des populations, très élevée et les descriptions précises de la prévalence, incluant les formes modérées et réversibles comme la gingivite (prévalence = 100 %), seraient de peu d’intérêt. De plus, il semblerait que la gingivite ne doive pas être considérée comme appartenant au même groupe de maladies que les formes destructives de parodontites (Page, 1986 ; Prayitno et coll., 1993). L’épidémiologie des parodontites devra donc, en plus de la prévalence, intégrer les différentes expressions de la sévérité de la maladie.

Un problème inhérent à l’épidémiologie des parodontites est l’absence de limites claires entre la santé et la maladie, en rapport avec d’importantes difficultés à diagnostiquer la maladie parodontale. Les moyens habituels peuvent au mieux préciser l’état de maladie en constatant une situation due à un processus passé ancien ou récent. Cette problématique est abordée en décrivant les différentes caractéristiques qui soit reflètent le degré d’inflammation (saignement au sondage), soit décrivent l’accumulation des épisodes successifs (perte d’attache clinique, perte d’os radiographique), soit les deux (profondeur de poche). Le tableau se complique souvent lorsque l’étendue de la maladie (nombre de quadrants, de sextants, de dents ou de sites impliqués) est prise en compte pour chaque individu. Tous ces problèmes méthodologiques, ainsi que d’autres, concernant l’épidémiologie des parodontites, ont été récemment passés en revue par Papapanou (1994).

Si l’on se sert des options précédemment décrites pour évaluer l’état parodontal des individus, de nombreux indices permettant de mesurer l’étendue et la sévérité ont été utilisés dans les recherches épidémiologiques. Il faut aussi tenir compte du fait que les différentes études ont recouru à différents examinateurs, ce qui introduit des variables qui rendent très difficile la comparaison des résultats entre des études réalisées dans une région très étendue comme l’Europe. De plus, des études représentatives au niveau national ne sont pas toujours disponibles. La plupart des études ont été réalisées sur des échantillons représentatifs de sous-populations définies ou sur divers échantillons à la représentativité inconnue.

Pour cette analyse de la littérature, seules ont été incluses les études où les échantillons étaient suffisamment importants et représentatifs. Celles publiées avant 1982 ont été écartées car des évolutions dans le temps ont été rapportées au sujet des parodontites dans différents pays d’Europe (Baerum et coll., 1985 ; Hansen et coll., 1990 ; Hugosson et coll., 1995).

De plus, dans ce contexte, il semble logique de ne pas décrire la maladie étendue à toute la denture, mais d’inclure seulement les sujets présentant les signes de la maladie modérée ou profonde. La gingivite, qui est une situation réversible, évolue relativement rarement vers la parodontite (Page, 1986 ; Attström et van der Velden, 1994), et a été écartée dans cet article. Donc, seuls les sujets ayant présenté des atteintes irréversibles sont étudiés. La simplification des résultats et de la collection de ces résultats facilite les comparaisons au niveau d’une population.

Puisque les études se servent de nombreux indices pour décrire la maladie, seuls ont été examinés les sujets montrant des signes de perte du support parodontal sur un site ou plus (profondeur de poche de 3 à 5 mm, perte d’attache clinique ou perte d’os à la radiographie de 1 à 3 mm) et ayant une parodontite modérée et ceux présentant des signes encore plus importants et ayant une parodontite profonde. Une telle division a été proposée par Burt (1990) et Pilot et Miyazaki (1991) car elle permet de distinguer les individus qui courent le risque de perdre un nombre substantiel de dents à la différence des autres. Puisque les indices choisis sont le reflet de l’accumulation des épisodes de maladie dans une population, il y a toujours une association forte entre la parodontite et l’âge dans ces études épidémiologiques. Dans cet article, nous avons essayé de séparer les individus en jeunes (avant 30-35 ans), âge moyen (de 30-35 ans à 50-55 ans) et âgés (plus de 50-55 ans). Les résultats des études citées ont été adaptés pour correspondre à cette description.

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