La régénération osseuse guidée (ROG)

Après les travaux de Dahlin et al (1989), plusieurs auteurs utilisèrent le principe de la ROG pour reconstruire l’os péri implantaire (Becker & al 1990 ; Nyman et al 1990 ; Buser & al 1990 ; Jovanovic et al 1992 ; Nevins & Mellonig 1992 ; Simion et al 1999).

Des membranes étaient interposées entre les défauts osseux et le tissu conjonctif muqueux pour permettre aux cellules osseuses de coloniser l’espace créé entre la membrane et l’os sans que les cellules conjonctives inhibitrices de la néoformation osseuse ne s’interposent. Ainsi, grâce à ces barrières, les auteurs organisaient une ROG sur des sites osseux nécessitant une reconstruction. Cette technique de ROG élargissait considérablement les indications de pose d’implants. Cependant, de nombreuses interrogations apparaissaient sur la durée d’enfouissement des membranes, sur l’aspect et les transformations du tissu néoformé, sur la maturation de ce tissu et sur la qualité de l’ostéointégration d’un implant dans un tissu osseux régénéré.

Les membranes :

Les membranes ont déjà été utilisées au début des années 60 en chirurgie osseuse orthopédique, il s’agissait de filtres millipores (Bassett et al 1961). Mais il fallut attendre les travaux de l’équipe scandinave sur la régénération parodontale (Nyman et al 1989) pour que les membranes non résorbables en polytétrafluoroéthylène expansé (ePTFE) soient utilisées pour reconstruire des défauts osseux (Siebert & Nyman 1990). Il s’agit de membranes GTAM (Gore Tex® Augmentation Matérial).  

Les bases biologiques de la régénération osseuse

L’os a le potentiel unique de restaurer sa structure originale. Toute lésion de l’os engendre une ostéoinduction. En effet, les cellules osseuses ou les cellules de voisinage, relarguent des facteurs  de croissance et des facteurs  d’induction osseuse comme les protéines osseuses morphogénétiques (Bone Morphogenetic Protein, B. M. P, Urist et al 1967).
Des cellules vont réagir à ces inductions. Ce sont des cellules ostéoprécurseurs qui se trouvent à proximité de l’os, dans le périoste, dans les espaces endostés, dans les espaces médullaires. Elles vont se différencier en ostéoblastes, capables de former de l’os.
Cette capacité de l’os à se régénérer a des limites. Elle peut échouer dans certaines conditions : absence de vascularisation, instabilité mécanique, taille trop importante du défaut et compétition avec des tissus inhibiteurs (Schenk 1994).
On comprend ainsi tout l’intérêt de l’utilisation d’une membrane dans la technique de R. O. G. Cette membrane isole le site osseux à reconstruire et permet au potentiel ostéoinducteur de s’exprimer sans que des facteurs externes, tel que le tissu conjonctif muqueux vienne s’interposer et inhiber ce potentiel.

Membranes seules ou associées à un greffon osseux

La régénération osseuse de défauts de volumes importants peut être facilitée grâce à la mise en place d’une trame pour favoriser l’ostéoconduction.
Bien que la régénération osseuse guidée sans greffe osseuse ait prouvé son efficacité dans de multiples études (Buser et al 199O, 1993), la reconstruction de gros défauts osseux peut faire appel à l’utilisation combinée de greffe osseuse autogène. La membrane appliquée sur la greffe la préserve et la maintient (Jensen 1994).

Association d’os allogène :

Des auteurs ont associé les membranes à des greffes d’os allogène (DFDBA) en espérant stimuler la néoformation osseuse par les propriétés ostéo inductrices de ces greffons. Ces propriétés sont contestées par Becker et al (1992). Les  membranes Gore Tex® seules ou associées à l’os allogène (DFDBA) ont été comparées dans la reconstruction osseuse péri implantaire (Mattout et al 1995). Aucune différence n’a été notée. Il a été déduit que l’association de l’os allogène n’apporte rien à la ROG. Shanaman et al (2001) évaluent le potentiel de greffes osseuses allogènes associées à un concentré  plaquettaire de plasma enrichi. Ils ne trouvent pas de différence comparativement à la ROG utilisée sans concentré plaquettaire.

Association d’os autogène :

Une étude fut réalisée par Buser et al (1996) sur 40 patients pour augmenter la largeur de crêtes édentées par l’utilisation combinée d’une autogreffe et d’une membrane non résorbable. Cette technique se révéla très efficace puisque tous les patients furent implantés quelques mois plus tard. Le gain en largeur de la crête était de 3,5 mm.

Les autogreffes associées aux membranes jouent un double rôle (Buser et al 1993) :

  • Elles supportent la membrane, prévenant son affaissement et maintenant un espace.
  • Elles sont ostéoconductrices pour le dépôt de la matrice osseuse pendant la cicatrisation : les préostéoblastes, les ostéoblastes, les facteurs de croissance et les facteurs d’induction osseuse (B.M.P.) sont transférés du greffon dans le site à reconstruire (Burchardt 1983).

Les membranes ont une triple fonction (Buser & al 1999) :

  • Elles préviennent la prolifération des cellules à partir de la muqueuse de recouvrement et favorisent donc la migration des cellules issues des espaces médullaires dans le caillot habitant le site.
  • Elles stabilisent la greffe osseuse (souvent fixée par des minivis) et le caillot.
  • Elles s’opposent enfin à la résorption de la greffe qui sans membrane peut perdre jusqu’à 25 % de son volume après 4 mois (Widmark et al 1997).